Quand faire le deuil de son enfance implique de faire celui de l'enfance que sa propre mère n'a jamais eue. Samuel Dock livre un récit poignant sur l'enfance maltraitée, ses saccages, la reconstruction et la puissance du lien filial. A l'âge de 6 ans, la mère de Samuel Dock est confiée à la D. A. S. S. , couverte de morsures, affamée et terrifiée. Il avait fallu trois mois aux enquêteurs pour la récupérer puisque ses parents dissimulaient ce 14e enfant à qui ils imposaient, dès l'âge de 4 ans, de transporter des brouettes de charbon.
Si elle n'était probablement pas aimée, elle avait son utilité. Ses parents n'acceptèrent de livrer leur fille que contre la promesse d'une machine à laver neuve, jugée plus " essentielle ". Commence alors pour la petite fille une autre vie, chez les Soeurs, une existence austère mais un peu plus protégée. Sans tendresse, sans noël, sans vacances, mais sans mise en danger. Cette histoire, la mère de Samuel Dock n'a longtemps pas pu la raconter.
Enfant, elle lui disait que ses grands-parents étaient morts avec sa naissance et qu'elle avait grandi " ailleurs ". Quand Samuel est devenu adolescent, tout s'est compliqué. Il a tenu sa mère pour responsable lorsque sa soeur est devenue anorexique puis toxicomane et que son père exerçait à leur encontre une violence autant physique que psychologique. Pourquoi sa mère ne les protégeait-elle pas ? Peu à peu, il a perdu contact avec elle.
Devenu adulte, psychologue et auteur, il a essayé de faire entendre sa voix pour que le sort des enfants maltraités change, en pensant à sa soeur et à leur adolescence brisée. Pas à sa mère dont il ne possédait que quelques fragments de l'enfance. Dix ans plus tard, ils se sont retrouvés et sa mère a pu consulter son dossier de la D. A. S. S. Elle a pu enfin lui confier le saccage de son enfance et les cicatrices qui s'attardaient...
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